PRESS RELEASE
En cette rentrée 2013, la Keitelman Gallery a l'honneur de présenter une exposition de l'artiste marocain Mounir Fatmi. Il s'agit de sa première exposition personelle en galerie en Belgique, elle fait suite à ses interventions, très remarquées à la Biennale de Bruxelles en 2008 et au BPS 22 à Charleroi en 2012.
Cette nouvelle exposition est l'occasion pour l'artiste de sonder plus avant un des thèmes clé de son travail, qui a trait à la mixité des cultures : une rencontre qui, tel qu'on l'observe dans l'actualité, semble régulièrement marquée par un certain degré de violence. Pour autant, cette rencontre n'opère pas à sens unique : des témoignages d'empathie, de métissage sont là pour le prouver. Ainsi est-ce plutôt une relation, une rencontre d'amour/haine, où des forces antagonistes sont à l'œuvre, où s'expriment des paradoxes et de l'ambiguité.
Mounir Fatmi s'intéresse tout particulièrement à cette zone de turbulences, comme on pourrait la nommer, dans une exposition qui, à plus d'un titre, s'inscrit à la croisée des univers et des identités.
Cela se marque d'abord au niveau du titre de son exposition qui se révèle tout à la fois explicite et riche d'allusions. L'intersection, sur le plan mathématique, désigne en effet littéralement cet espace de rencontre entre deux zones, deux sphères de nature différente. De la rencontre entre ces deux zones, naît une troisième zone, inédite dans le même temps que circonscrite. Or, dans une exposition qui parle métaphoriquement de la rencontre entre les peuples, cette idée de zone circonscrite peut faire référence autant à la possibilité de voir surgir de nouveaux territoires, fussent-ils imaginaires, qu'à ces zones de quarantaine et d'isolement que créent nos sociétés, à l'instar des espaces où sont cantonnés les immigrés, dans les aéroports, voire encore aux prisons.
En sus de marquer le titre, l'ambiguité intervient également au niveau des médias sollicités par l'artiste dans sa création. L'exposition donne à voir un ensemble de pièces apparentées à la photographie, l'installation, le dessin en passant par la sculpture, mais tous ces médias s'entremêlent et ne cessent de se substituer les uns aux autres. Par exemple, dans la pièce basée sur le film Casablanca : un film devient une photographie pour devenir un dessin et enfin une sculpture. Ou encore, dans la pièce intitulée The Blinding Light, nous découvrons une peinture qui s'avère être reconvertie en un fichier numérique imprimé sur un miroir : objet/matière qui avalise l'effet de substitution, de trompe-l'œil mais aussi le processus d'hybridation qui est à l'œuvre au sein des pièces de l'exposition.
Il y a bien sûr également, hybridation et ambiguité au niveau des sujets convoqués par Mounir Fatmi, et a fortiori au niveau des différentes cultures qui interviennent dans son iconographie (l'iconographie musulmane et occidentale, le monde du cinéma et celui de la peinture ancienne, le minimalisme et la spéculation métaphysique de Duchamp). Là aussi, et comme en écho à la confusion que génère parfois Internet, les créations de Mounir Fatmi nous rendent témoin d'amalgames vis-à-vis desquels, en tant que spectateur, nous nous trouvons dans l'obligation de nous positionner.
C’est bien dans cette capacité à nous montrer les forces fondamentalement multiples qui étreignent notre monde, que s'exprime le talent de Mounir Fatmi. C'est dans sa capacité de bousculement que s'affirme la force de son travail.
Né en 1970 à Tanger, vit et travaille entre Paris et Tanger.
Keitelman Gallery, 2013